La peau

Dès l’abattage, le veau est dépouillé manuellement. Cette opération peut également se réaliser mécaniquement mais la peau ne doit pas être abîmée ce qui lui ferait perdre de la valeur. Ces peaux prennent la destination d’une firme spécialisée. Elles sont peu nombreuses dans ce domaine. Nous visitons Oukro, filiale du groupe VanDrie. Cette firme traite 1,4 millions de peaux par an, c’est la plus grande d’Europe. Non sans fierté, le directeur Marcel van Leent nous fait faire le tour du propriétaire de cette entreprise de 6.500 m2. La réputation du travail de la peau nous faisait appréhender un environne- ment sale et malodorant mais il n’en est rien, bien au contraire. Tout ici est d’une propreté exemplaire. Les peaux venues de Ekro, l’abattoir voisin, sont acheminées par tapis roulant. Celles des autres abattoirs arrivent en containers de 1.000 pièces. Au tout début du trajet, la peau est encore affublée d’une des oreilles, celle sur laquelle se trouve l’étiquette jaune comportant le numéro d’identification. L’oreille sera coupée dès que la peau est suspendue à un crochet. Le spectacle de toutes ces peaux, suspendues à perte de vue, a quelque chose de fascinant. Chaque crochet est pourvu d’une puce électro- nique qui stocke toutes les informations de la peau qui y est suspendue. Les peaux traversent ensuite un poste de travail où quatre personnes sont positionnées à diffé- rentes hauteurs. Elles débarrassent les peaux de leur queue et d’éventuels résidus de graisse, et les taillent de façon à leur donner une forme identique. À la station suivante, les peaux sont suspendues à un autre crochet temporaire et subissent une rapide inspection des deux faces après laquelle elles reçoivent approbation et classement. Si des défauts sont remarqués, les inspecteurs indiquent sur un écran tactile à quels endroits la peau est abîmée et ces données sont communiquées à la puce du crochet. Les peaux, sériées selon leur qualité, prennent le chemin d’une immense chambre froide où elles restent une demi-heure à une température de 6°C. Elles sont ensuite pesées. Le poids est un autre critère de qualité. Environ 20% de toutes les peaux sont mises en glace pilée et envoyées directement à certains clients. Les 80% restants partent au salage. Les peaux sont saupoudrées automatiquement de sel gemme d’un grain de 2 à 3 mm et entrepo- sées sur des palettes. Ces palettes sont elles-mêmes entreposées dans une salle d’égout- tage pour une durée de 7 à 10 jours. Le sel absorbe une grande partie de l’eau et après cette opération, leur poids a diminué de 15 à 20%. Elles sont ensuite débarrassées du sel, pliées et superposées avant d’être entreposées selon leurs caractéristiques. À chaque catégorie de peau correspond un entrepôt et pour chacun d’entre eux on dénombre environ 150.000 peaux, une vision impressionnante. Les procédures de vente peuvent connaître de grandes différences, en Europe par exemple, les peaux sont vendues au kilo alors qu’en Asie elles le sont à la pièce. Selon les critères de qualité, les peaux de veau sont classées de la façon suivante:

cat. 1 Sans défaut sur les deux faces

cat. 2 Défauts minimes

cat. 3 5 à 6 défauts

cat. 4 Pratiquement sans valeur

Bien que la majorité des étapes soient automatisées chez Oukro, le contrôle de qualité
reste systématiquement confié à du personnel qualifié.Les morceaux de peaux de petite taille, tels que ceux de la tête par exemple, suivent un circuit différent. Ces petits morceaux passent deux heures dans un tambour pour les débarrasser de leur sel et ils partent ensuite vers des pays comme la Chine, la Thaïlande ou le Vietnam. On en fait de petits articles de maroquinerie tels que des portefeuilles et porte-monnaie. C’est là que partent aussi les peaux légères, les acheteurs européens préférant les peaux lourdes.

 

La prochaine destination des peaux est la tannerie. Le tannage est un procédé technique qui permet de transformer les peaux en cuir, souple et imputrescible. Chimiquement, il s’agit de rendre solubles les protéines de la peau par le recours au tanin. Les tanins peuvent avoir des origines diverses et les méthodes de tannage sont aussi nombreuses que complexes.

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